Les Amis de Louis Le Guennec
Actualité
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"Panégyrique de saint Corentin, Quimper, Cardinal Alfred Baudrillart"
23 juin 2022 | Eglise en Finistère n°358
"Pierre Cavellat, un un juge observateur et dessinateur"
03 janvier 2022 | Ouest-France
"Plongez dans les grandes affaires criminelles"
22 octobre 2020 | Ouest-France
"Un magistrat au joli coup de crayon"
29 avril 2020 | Ouest-France
Inauguration de la stèle en hommage à
Jean Le Roy.
16 novembre 2018 | Place Saint-Corentin, Quimper
Discours de Mr Ludovic Jolivet, maire de la ville de
Quimper, pour l'inauguration de la stèle.
16 novembre 2018 | Place Saint-Corentin, Quimper
Quelques articles de presse sur la cérémonie en hommage à Jean Le Roy.
17 novembre 2018 | Le Télégramme
17 novembre 2018 | Ouest-France
"Jean Le Roy était jeune, beau... Écrivait Cocteau"
13 juillet 2018 | Ouest-France
"Jean Le Roy. Des éléments sur sa vie et son œuvre aux Archives municipales."
12 juillet 2018 | Le Télégramme
Alors que la municipalité s’apprête à donner le nom de Jean Le Roy à un petit jardin de la ville et à y déposer une plaque commémorative, Charles Delepelaire vient de déposer, aux Archives municipales et communautaires de Quimper, plusieurs documents inédits qui racontent un peu de la vie et de l’œuvre de son parent, écrivain et poète, né à Quimper le 28 novembre 1894. Ses parents, limonadiers rue Kéréon, déménagent à Brest alors qu’il n’a que 4 ans. Après la disparition de son père, Jean Le Roy s’installe à Paris, fréquente des poètes comme Jean Cocteau, Apollinaire. Engagé volontaire au 37e RI, Croix de guerre à Verdun, il est tué au combat le 26 avril 1918 près de Locre sur le Mont Kemmel.
C’est grâce à un autre parent, Alfred Kolher, céramiste, que Charles Delepelaire a récupéré plusieurs documents concernant Jean Le Roy. Petit à petit, il a reconstitué la vie de ce dernier. Une mallette retrouvée à Londres, par le plus grand des hasards, lui a aussi permis de découvrir des écrits consacrés à sa vie au front et un cahier contenant près de 90 dessins numérotés.
Ami de Jean Cocteau
Le poète a rencontré Jean Cocteau lors de sa formation militaire à l’école de Saint-Cyr en 1917. À sa mort, ce dernier a écrit à André Gide une lettre fort émouvante prouvant son attachement à Jean Le Roy. Cocteau a aussi rassemblé plusieurs de ses poèmes et les a publiés sous le titre « Le Cavalier de Frise ».
En 2014, la Société des amis de Louis Le Guennec, qui entend mettre en valeur des personnalités locales, a consacré au poète un livre qui porte le titre de « Jean Le Roy de Quimper aux tranchées ». Préfacé par Alain Le Grand, présenté par le président de la Société Le Guennec, Jean François Douguet, l’ouvrage en dit plus sur l’écrivain. Celui-ci ne revendique pas une quelconque appartenance bretonne. Ses sources d’inspirations sont multiples : la danseuse Isadora Duncan, la musique de Claude Debussy. « Il s’inscrit dans son temps, constate Alain Le Grand. Son esprit géométrique-physique baigne dans l’univers très mathématique du XXe siècle ».
Pratique : Le dossier est consultable aux Archives municipales.
QUIMPER des écrivains
Ouvrage collectif dirigé par Alain Gabriel Monot
Editions Alexandrines | p. 44
Quimper, 2016, 143 pages
Ce livre offre au lecteur un panorama des écrivains quimpérois d'hier et d'aujourd'hui. Parmi ceux qui comptent comme les auteurs les plus talentueux de la capitale de la Cornouaille, on retrouve Jean Le Roy.
Extrait de l'article Jean Le Roy, le poète retrouvé par Alain Le Grand-Vélin
Une étrange destinée et une courte vie ont injustement rejeté Jean Le Roy dans l'oubli. Un livre vient de paraître qui permet de retrouver ce jeune poète au talent prometteur, né sur les bords de l'Odet, qui vécut sur les rives de la Seine et disparut dans les monts flandriens.
Jean Antoine Le Roy naît le 28 novembre 1894 au coeur de Quimper, 40, rue Kéréon, où ses parents tiennent commerce. Malheureusement le père meurt peu de temps après, en 1896, et la mère, seule avec son enfant, se réfugie auprès de deux de ses soeurs à Paris, où elle tiendra une pension de famille.
Après son baccalauréat, Jean Le Roy entreprend des études de droit, sans conviction. Il préfère "poétiser" et fréquenter les salons littéraires. Il y rencontre Apollinaire, lequel le publie une première fois en 1913 dans sa revue Les soirées de Paris. Dès lors, les deux poètes vont entretenir une correspondance régulière. D'autres revues poétiques publient également ses poèmes : Pan, Quadrige, Les Bandeaux d'or.
En 1913, il publie une recueil de poèmes, le seul de son vivant, Le prisonnier des mondes, auquel la critique réserve un accueil bienveillant. Auguste Bailly, dans La Revue du mois y découvre "Une sensibilité curieuse, qui se plaît surtout à étudier en soi les variations des apparences extérieures, et qui se joue à voir se construire et se diversifier pour elle les aspects du monde, (qui) s'exprime en vers ingénieux, subtils, un peu tourmentés... mais qui marquent assez de talent pour nous laisser espérer du même poète, dans un avenir prochain, de beaux vers asservis... et triomphants !".
"Enfui des mondes"
d'Eric Dussert dans Le Matricule des Anges
Avril 2015 | n°162, p. 49
Le Matricule des Anges, mensuel de la littérature contemporaine
Avant Radiguet, Jean Le Roy fut le chouchou de Cocteau. Son grand talent fut brisé en 1918 au cours de l'assaut du mont Kemmel.
La commémoration du centenaire de la Première Guerre mondiale offre de redécouvrir des œuvres dont le souvenir avait été porté avec émotion par les témoins du passage sur terre de leurs jeunes auteurs. Tout au long du siècle dernier, leurs noms furent copiés de page en page, salués ici, longuement évoqués là, regrettés partout. Leurs écrits n'étaient certes pas accessibles, mais en de nombreux volumes de mémoires on évoquait René Dalize, le marin mal enterré proche d'Apollinaire, Jean Arbousset, Paul Drouot, Albert-Paul Granier, Wilfried Owen ou Ernst Stadler, etc. Grâce aux vertus inégalées de l'imprimerie et de la papeterie réunies, il est désormais possible de les lire. Désormais, Le Club des Neurasthéníques (Dalize), Le Livre de Quinze grammes (Arbousset), Euridyce deux fois perdue (Drouot), Et chaque lent crépuscule (Owen), Les Coqs et les aigles (Granier) ont été réedités ─ et avec les superbes livres de Maurice Genevoix, la récolte est profuse. Dans ce concert de papier, un nom qui semble d'ancien régime tinte en toute discrétion : Jean Antoine Le Roy, poète de Quimper, né le 28 novembre 1894, mort le 26 avril 1918 à Locre lors de la
troisième batailledes Flandres, au moment de l'assaut du mont Kemmel, point dominant de la Flandre Occidentale,dont Léon Groc a fait La Colline héroïque (Rouff, 1919). Indice sur la violence des combats ? Sur les 5 294 soldats français tués lors de cette offensive, seuls 57 corps purent être identifiés...
Tout jeune encore, l’aspirant Le Roy aux yeux si clairs ressemblait à un collégien. Il avait 24 ans, était orphelin de père et vivait à Paris avec sa mère depuis 1896. Il y fait la connaissance de l'enfant terrible qu’est Mireille Havet grâce à leurs relations familiales respectives, puis ils fréquentent ensemble les cours de l'institut Jacques-Dalcroze et la gymnastique rythmique en 1914. Bachot obtenu, il s'inscrit en droit et titille la muse. Avec bonheur car il emballe les meilleurs comités de lecture de son temps. Il publie son premier poème dans Les Bandeaux d'or en janvier 1913 : « La dernière gare ». Dans Les Horizons, c'est la « Chanson du charbon ››, puis produit un premier petit recueil de poèmes prometteurs, Le Prisonnier des mondes (Mansi et Cie, 1913), où se noue une inspiration assez cosmique, géométrique, mathématique. Il y développe une poétique encore empreinte de classicisme, certes, mais annonciatrice d'audaces à venir : « Nous avons pensé l’infini./ Nos pensées folles ont bondi/ le bond d'un diable vers le bleu !/ bleu qui fond,/ bon intense/ danse folle/ vers des pôles ;/puis, arrêts lents/ des élans ;/ mais, sur le vide/ leurs reprises !/ Jamais d’arrêt/ dans nos pensées/ qui vont se ruant sans zig-zag/ coupant terriblement les éternelles vagues/ des ondes tendres de la nuit/ Longues torpilles entre des mondes blancs qui dansent des quadrilles ! » Mireille Havet qui collabore déjà aux Soirées de Paris le présente à Apollinaire ─ et à René Dalize, le secrétaire de rédaction ─ qui publient dès mars 1914 « Le Relief des choses ›› dans leur revue. Bien qu'exempté, le nouvel étudiant en droit s’engage au début de la guerre avec sa classe 1915. Il rejoint en décembre 1914 la caserne de Decize dans la Nièvre. Après les classes, il devient mitrailleur au 413e d'infanterie. Puis, après un passage à Saint-Cyr où il obtient le grade d'offrcier, il rejoint au front le 6 août 1917 le capitaine René Dalize au 414e régiment d'infanterie. Là, avec François Bemouard ─ leur futur éditeur à tous les deux ─, Dalize et le jeune Le Roy publient la revue de tranchées Les Imberbes. Tandis qu'ils pataugent dans la boue la littérature les tient.
Dalize permet à Jean Le Roy de collaborer à Nord-Sud, et le jeune homme correspondant avec Mireille Havet. « Ne voudriez-vous pas connaître l'énorme beauté des batailles et des mouvements de troupe ? » lui écrit-il. Fin 1917, à l’occasion d’un passage à Paris, il fait la connaissance de Jean Cocteau qui lui voue immédiatement une profonde amitié. Les deux poètes s’écrivent presque quotidiennement jusqu'au 26 avril 1918, jour où une balle frappe Jean Le Roy à la tête. Désemparé, Cocteau écrit à André Gide : « Le Roy était devenu en quelque sorte mon élève. Il était jeune, beau, bon, brave, génial, simple, c’est ce que la mort aime. Vous me plaindrez ››. L’édition récente de sa poésie complète prouve s'il en fallait que Jean Le Roy n’avait, dès 1913, pas grand besoin d’un professeur. Ce petit prodige écrivait alors « Lourd navire anglais dans le soir qui croule,/ lourd bateau trop haut grimaçant de mats/ grimaçant de grues, grimaçant de cordes/ et d'où l 'on décharge à large fracas/ (bandes de porteurs, poussiéreuse horde)/ dans des sacs cornus cent mille kilos/ de houille rouée au fond du cargo/ Sous le soir qui déborde des navires/ charbonneux du ciel où flambent des flaques ─ /noir débarquement ! fracas et soupirs/ chaudement vêtus dans le soir opaque/par le grand manteau des vibrantes cloches/ d’une énorme église étrangement proche/ d'une énorme église à quatre croix d’or. » En 1918, tout à sa dévotion pour son jeune ami, Cocteau compose un poème et une préface en son honneur, et donne à François Bemouard, de retour du front, ce recueil de poèmes, Le Cavalier de Frise. Il est naturellement repris dans ces œuvres complètes que sont De Quimper aux tranchées avec son lot de poèmes retrouvés. On peut désormais s'y faire une idée du grand talent flingué de Jean Le Roy.